Le barrage de Serre – Ponçon, un rêve ancien…

Le barrage de Serre – Ponçon

Un rêve ancien…

 

 

​L’idée de faire un barrage daterait de 1856… Les crues dévastatrices et par la suite les pénuries d’été , en particulier celle de 1895 (le débit disponible est insuffisant pour l’irrigation quasiment une année sur deux), sont à l’origine du projet de barrage sur la Durance… Il fallait trouver un moyen de dompter cette rivière tumultueuse !!

En 1909, Yvan Wilhelm propose la création d’un barrage sur le site de Serre-Ponçon…. La réalisation de ce projet est impossible à l’époque d’un point de vue financier et technique, il est donc suspendu pour une trentaine d’année… Dans la période 1948-1951, un ensemble de sondages assez complet a permis de bien connaître la structure du sol … D’autre part une nouvelle fort intéressante franchit l’océan atlantique et parvient aux oreilles des ingénieurs : Une technique a été mise au point aux Etats-Unis qui rend possible l’édification d’une grande digue de terre capable de résister à la formidable poussée de centaines de millions de mètres cubes d’eaux stockés. La réalisation d’un barrage sur le site de Serre-Ponçon apparaissait enfin possible !!

Electricité de France, tout récemment créée en 1946, se voyait confier le projet qui obtenait en 1951 l’avis favorable du comité technique des grands barrages. L’aménagement de la Durance devenait tout a fait réalisable… La Durance allait abandonner sa réputation légendaire pour endosser de nouvelles responsabilités !! Ainsi en avaient décidé les hommes….. Le projet fut déclaré d’utilité public par une loi du 5 janvier 1955 signée par le président de la république de l’époque, René Coty, et par plusieurs ministres dont celui de l’intérieur : François Mitterrand. Cette loi était intitulée ‘ loi d’aménagement de Serre-Ponçon et de la Basse Durance ’marquant ainsi la volonté du législateur d’associer à l’hydroélectricité l’irrigation des terres agricoles de la Provence. Le Ministère de l’agriculture participa au projet… Lorsque les conclusions des études techniques et économiques furent connues, chacun des habitants du voisinage sut s’il pourrait rester chez lui ou s’il devrait partir …. Dans la vallée de la Durance se trouvaient de nombreux villages ou hameaux qui allaient être détruits en quasi- totalité :

-Le plus grand des villages qui va disparaître est Savines(près de 700 habitants)

-La chapelle, les Lamberts, les Yvans, Eygoirs. -L’île de Rousset , face au confluent Durance Ubaye .

-La couche Haute, la couche Basse, les Yvans, les Bonnets, Grand Pré sur la commune de Chorges.

-Saint Michel sur la commune de Prunières ainsi que le hameau du Thubaneau.

-Ubaye, chef lieu de commune et son hameau le plan(150 habitants)…Il sera détruit en totalité et ne sera pas reconstruit .
2830 hectares de terres allaient être submergés dont 600 hectares cultivables et 1450 hectares de forêts, 360 immeubles dont 210 à Savines et 39 à Ubaye et 4 églises allaient être détruits. Des routes sur 25 Km, des voies ferrées sur 10 Km allaient être recouvertes par les eaux . 1200 à 1300 personnes seront obligées de partir ….

Les gens de Savines ou d’Ubaye n’étaient en rien préparés à devenir « des personnes déplacées »…… Même si les indemnisations représentaient une somme importante, il était insupportable de quitter une terre ou une maison transmise de père en fils depuis des générations… !!
En 1956 ; la résistance s’organise : Réunions, manifestations ….Mais ce sera peine perdue ! La création du barrage fut certainement la plus grande modification apportée à la vallée de la Durance depuis des millénaires… !

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photo dauphiné libéré de 1956

 

De l'histoire de la Durance et de la disparition du village de SAVINES qui sera reconstruit et D’UBAYE qui, lui, ne sera pas reconstruit, Jean Giono en brossera une magnifique fresque Provençale…. En 1956, Jean Giono écrit en collaboration avec Alain Allioux le scénario et les dialogues du film de François Villiers « L’Eau Vive » qui sera présenté au festival de cannes en 1957. En 1958, le chansonnier Guy Béart écrit des paroles sur le thème du film et enregistre la chanson « L’EAU VIVE : Ma petite est comme l’eau , elle est comme l’eau vive….. »
Plus que le film, c’est la chanson qui s’inscrira dans la mémoire collective !

Origine des sources archives départementale- M. Laneyrie mise en page M.Marseille